Dundee de la solidarité : mobilisation générale

 

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Jean-Claude Jégo, vice-président, Daniel Le Cren, président, et Sophie Thomas qui fait son service civique à l’Université sociale, sur le pont du dundee.

 

Construit en 1993 par des RMIstes, le Blavet-Morbihan n’a plus navigué depuis deux ans. Surnommé le « dundee de la solidarité », il a été, pendant vingt ans, l’un des outils de l’Université sociale. Un outil qui a aujourd’hui besoin d’être refait. L’association sonne la mobilisation des fonds et des énergies pour mener à bien ce nouveau chantier.

Depuis vingt ans, le Blavet-Morbihan porte haut la philosophie de l’Université sociale. « Ce bateau est un outil, au même titre que les séjours en Afrique que nous organisons, par exemple », explique Daniel Le Cren, président de l’association, fondée en 1983. « L’Université sociale a été créée par des acteurs sociaux dans un but de formation et de remobilisation sociale et professionnelle de personnes en difficulté », explique-t-il. « C’est un instrument pour mutualiser les actions, décloisonner les structures et être plus réactifs ».

Construit de A à Z

La construction du vieux gréement elle-même a été un formidable moyen de remobilisation, d’émergence de compétences et a mobilisé de très nombreuses bonnes volontés. Sur une idée de Bernard Cadoret du Chasse-Marée, l’Université sociale se lance en 1993 dans la reproduction d’un voilier de travail polyvalent. « Nous nous sommes basés sur des photos anciennes ». Un budget de 1,3 MF, un chantier d’un an et demi et une douzaine de RMistes à la manoeuvre pour sortir d’un entrepôt de Caudan ce voilier de 15 m sur 5,40 m. « Sous la houlette d’Yves Tanguy, charpentier de marine et ancien responsable du chantier Tanguy, à Douarnenez, et en partenariat avec l’Afpa de Lorient, les stagiaires ont tout fait de leurs mains », explique Daniel Le Cren. La solidarité s’est organisée pour le gréement et l’accastillage. « Tabarly nous a donné deux voiles, Tonnerre a pris des stagiaires pour en fabriquer d’autres. On a récupéré un moteur dans une vasière et on l’a retapé. La Marine nationale nous a donné une vieille chaîne de sous-marin… ».

Une quinzaine de sorties par an
Pas étonnant que le Blavet-Morbihan ait été surnommé « le dundee de la solidarité ». Solidarité jusque dans son usage, une quinzaine de sorties par an : mis à l’eau en 1995, le voilier est utilisé par les personnes qui viennent aux activités de l’Université sociale. Il est aussi mis à disposition d’associations à caractère social ou de protection de l’enfance, de Kerpape…

Refait de la cale au pont
« Ce dundee est à la disposition de tous ceux qui se battent. Celui qui vient, on ne lui demande pas son étiquette sociale, juste de participer à la vie du bateau ». On a vu le Blavet-Morbihan pavoiser à la Semaine du Golfe et aux Fêtes maritimes de Brest, avec, à la barre, des jeunes des quartiers de Lanester. Coque en chêne, pont en pin, 150 m² de voilure… le Blavet-Morbihan a fière allure. Avait, devrait-on dire. Depuis deux ans, il ne navigue plus. « Pour des raisons de sécurité, on ne veut plus sortir avec », explique Daniel Le Cren. Le dundee a besoin d’être refait, de la cale au pont.

200.000 € de travaux
Il sera sorti de l’eau et laissé au sec dans quelques semaines sur le slipway de Keroman. « Il nous faut 200.000 € pour faire les travaux », explique encore Daniel Le Cren. La création d’un comité de soutien et le lancement d’une souscription sont envisagés. Les bénévoles vont aussi aller frapper aux portes des fondations et mécènes, des Bretons d’ici et de Paris… Bateau du patrimoine, bateau de la solidarité, le Blavet-Morbihan a aujourd’hui besoin de générosité.

Télégramme 12 mai 2015 / Claire Marion /